
IV. L’Allemagne et l’Union européenne
Vincent Brousseau a vécu en Allemagne depuis son entrée à la BCE jusqu’à son décès, soit pendant plus de vingt-deux ans. Germanophone, grand lecteur de la presse allemande généraliste et spécialisée, il s’est au cours de tout ce temps imprégné à la perfection de l’esprit allemand, si étranger au fond au caractère français. Il fut en particulier un très fin observateur des mœurs des élites allemandes et un analyste pénétrant de leurs discours comme de leur conduite. Cette troisième partie entre davantage dans le détail des rapports que ces élites entretiennent avec l’Union européenne, rapports en réalité de plus en plus dégradés et pervertis, et peut-être gros d’un danger dont les frivoles Français ne soupçonnent pas l’ampleur.
CHAPITRE 1
Francfort contre Francfort : un mauvais mariage
L’ALLEMAGNE est entrée à contrecœur dans la « monnaie unique », sans d’ailleurs aucun débat préalable, et elle ne l’a fait qu’à des conditions implicites, mais strictes. Il était hors de question pour la Bundesbank de sacrifier sa tradition de rigueur monétaire : le mandat de la future Banque centrale européenne devrait donc coller au sien. Elle n’accepterait l’euro que si celui-ci présentait la même stabilité que le Deutsche Mark et, en somme, qu’il fût une sorte d’extension de ce dernier à l’échelle de l’Union.
Cette intransigeance possède des raisons historiques : l’hyperinflation que l’Allemagne a connue lors de la république de Weimar, en 1923, avec les suites politiques désastreuses que l’on sait pour l’Europe, a traumatisé durablement le pays. La stabilité de la monnaie revêt donc un intérêt vital pour les Allemands, et un caractère quasiment sacré.
Une autre donnée est le fait que le Deutsche Mark de l’après-guerre est longtemps resté le seul attribut de souveraineté d’un pays défait militairement et mis au ban des nations. Après l’effondrement du nazisme, l’économie est devenue le seul domaine d’excellence qui fût permis à l’Allemagne, et la seule manifestation tolérable de suprématie et de patriotisme (si l’on excepte le sport), aux yeux mêmes des Allemands, qui firent naturellement de leur monnaie le symbole de leur résurrection.
L’attachement émotionnel qu’ils conçurent depuis à son sujet n’a pas d’équivalent dans les autres pays européens. L’abandonner consistait par conséquent à faire le sacrifice d’un symbole essentiel pour leur conscience nationale. Cet abandon ne pouvait pas leur être arraché sans fortes garanties de la part de l’Union monétaire.
Les membres allemands du conseil de gouverneurs
de la BCE n’eurent de cesse de lever des objections
contre les décisions prises.
Parmi ces garanties, la première fut sans doute le lieu où fut fixé le siège de la Banque centrale européenne. Le choix se porta sur Francfort, ville d’Allemagne où se trouve déjà précisément la Bundesbank, à seulement trois stations de métro de distance. Dès le départ, la continuité des deux institutions était clairement signifiée. Cette proximité géographique s’explique aussi par le poids prépondérant de la Bundesbank dans l’actionnariat de la BCE (25 % environ). Cette dernière, enfin, respecte deux critères fondamentaux de l’ordolibéralisme germanique À la demande expresse de Hans Tietmeyer, président de la Bundesbank juste avent le passage à l’euro, et considéré comme l’un des « père de l’euro ».: une pleine indépendance politique, et un mandat rigoureux visant essentiellement à contenir l’inflation un peu au-dessous des 2 %. Tout cela devait garantir la coïncidence de la politique monétaire de la zone euro avec celle de la Bundesbank, même en l’absence d’Allemands aux plus hauts postes (aucun Allemand ne fut jamais président ni vice-président de la BCE).
Nous avons vu plus haut les raisons pour lesquelles l’euro a fini par prendre tous ses membres au piège, au premier rang desquels l’Allemagne. Toutefois, celle-ci s’aperçut un peu plus tôt que la BCE de ce piège. Vincent Brousseau date de 2010 l’apparition du scepticisme des Allemands et de leur prise de conscience. En poste lui-même à Francfort, il constata que, au cours des réunions avec les représentants des banques centrales nationales, ses confrères de la Bundesbank étaient les seuls à manifester ouvertement du mécontentement, et cela de manière systématique, quels que fussent l’interlocuteur, le périmètre de la discussion ou son objet.
Les membres allemands du conseil des gouverneurs de la BCE, à partir de la même date, ne cessèrent de soulever des objections contre les décisions prises, et furent systématiquement mis en minorité. À noter que ses collègues allemands de la BCE, eux, ne manifestaient toutefois rien de tel.
Ce scepticisme fit place ensuite au ressentiment en raison des politiques non conventionnelles — hérétiques à leurs yeux — dont a abusé la BCE dans le seul but de sauver l’euro. À partir de 2012, il se mua en une sourde hostilité, dont la proposition de Jens Weidmann de collatéraliser les dettes Target, premier pas vers la « sortie furtive » de l’euro, fut la conséquence. Nul n’en a conscience en France, mais une guerre de position se déroule depuis lors en plein Francfort entre la Bundesbank et la BCE.
CHAPITRE 2
Francfort contre Francfort : la guerre de tranchées
CETTE hostilité est perceptible à des signaux clairs. On a assisté à des démissions en cascade dans les rangs des banquiers centraux allemands. Ce fut d’abord Axel Weber, démissionnaire de son poste de président de la Bundesbank en mai 2011, puis dans la foulée Jürgen Stark, démissionnaire de son poste de membre du directoire de la BCE.Les membres du directoire de la BCE sont au nombre de six, dont le président et le vice-président de la BCE. Ils sont désignés par le Conseil européen parmi les banquiers centraux des membres de la zone euro. Leur mandat, non renouvelable, est de huit ans. Vint ensuite en 2019 la démission de Sabine Lautenschläger, également membre du directoire de la BCE. Enfin, il y a peu, Jens Weidmann, successeur d’Axel Weber à la présidence de la Bundesbank, a démissionné le 31 décembre dernier (2021). Soit quatre banquiers centraux occupant les plus hauts rangs.
Les explications données à ces démissions laissent deviner l’amertume et la désillusion qui les ont déclenchées. Axel Weber a déclaré en décembre 2013, lors d’une interview à Die Zeit, qu’il avait démissionné parce qu’il n’était pas d’accord avec la nouvelle politique monétaire en Europe et qu’il aurait été contraint, s’il était resté, de prendre des décisions qui, selon lui, n’étaient pas bonnes.
Jürgen Stark, après avoir d’abord allégué des « raisons personnelles », justifia finalement sa démission de la BCE par son « insatisfaction face au développement de l’union monétaire européenne », dans une interview au Wirtschaftswoche de décembre 2011.
Notons que ce sont de mêmes « raisons personnelles » que Jens Weidmann a avancées dans Der Spiegel en octobre 2021 à l’appui de sa démission à venir… Attendons-nous donc dans quelque temps à recevoir de sa part de plus franches confessions sur les raisons de son départ. Nous pouvons déjà émettre l’hypothèse crédible qu’il refuse d’assumer le retour de l’inflation, laquelle décolle partout dans la zone euro en raison de la nouvelle politique d’assouplissement quantitatif.
La « sortie furtive » mobilise désormais
en sa faveur quantité de défenseurs en Allemagne
La dérive laxiste de la politique monétaire de la BCE est clairement ciblée par ces déclarations de presse. L’éloignement de plus en plus marqué de celle-ci de son mandat initial, et, partant, de son caractère « germanique », est devenu intenable pour les banquiers centraux allemands, pris entre l’intransigeance « sacrée » du mandat de la Bundesbank et leur loyauté apparente à l’euro. Au point que leurs postes semblent être devenus de véritables fauteuils brûlants.
Il faut dire que la question des dettes Target a largement dépassé outre-Rhin le petit cercle des banquiers centraux et des spécialistes de la finance, quand elle demeure largement ignorée ou mal comprise en France. La « sortie furtive » mobilise désormais en sa faveur quantité de défenseurs en Allemagne, en particulier dans les sphères proches du patronat, comme l’IFO (Institut für Wirtschaftsforschung ou « Institut pour la recherche économique »), un influent think tank libéral.
Son président actuel, Clemens Fuest, a par exemple publié un communiqué de presse en décembre 2016, afin d’exiger que Berlin intervienne auprès de la BCE pour obtenir qu’elle prenne des mesures permettant de lutter contre une « utilisation illégale et excessive » des soldes Target — autrement dit, d’instituer une limite aux transferts, donc de « tuer » l’euro, selon le processus décrit auparavant.
Parmi les signataires, Jurgen Stark, ancien « économiste en chef » de la BCE et membre démissionnaire du directoire de celle-ci !
Puis, en octobre 2017, dans un article de Die Welt, l’économiste Hans-Werner Sinn, toujours de l’IFO, a carrément demandé le nantissement des dettes Target nouvellement créées. Hans-Werner Sinn a l’oreille des milieux d’affaires allemands, et il est un adversaire de longue date de l’euro. Il avait publié dès 2012 un livre intitulé Die Target Falle – Gefahren für unser Geld und unsere Kinder (« Le piège des Targets, un danger pour notre argent et pour nos enfants »). Et son attention sur ce sujet avait été attirée en 2011, nous révèle Vincent Brousseau, par une figure vénérable que nous avons déjà croisée : Helmut Schlesinger, ancien président de la Bundesbank (de 1991 à 1993), le même qui a cosigné en 2019 le mémorandum contre Mario Draghi.
À la lumière de ce dernier fait, il est autorisé de croire que l’initiation de Sinn à la faille de l’euro ne relevait pas de la maladresse, mais plutôt déjà, à l’époque, d’une malveillance de la part du banquier central. Cela porte donc au nombre de cinq les banquiers centraux allemands hostiles à l’euro. Ce qui commence à faire beaucoup.
Enfin, en 2018, la pression s’est encore accrue d’un cran. En mai parut dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung une tribune sensationnelle de 154 économistes allemands qui reprenait cette idée de « collatéralisation » des dettes Target associée cette fois-ci à « une procédure de retrait ordonnée » de l’euro. Parmi les signataires : Hans-Werner Sinn, bien entendu, mais aussi Jürgen Stark, ancien « économiste en chef » de la BCE et membre démissionnaire du directoire de celle-ci !
Puis en juin et août 2018, ce sont deux textes de Wolfgang Steiger, secrétaire général du conseil économique de la CDU, qui exposaient la même nécessité. « Il est urgent de limiter ou de disposer d’un nantissement sur les soldes Target en hausse », écrit-il, afin de « désamorcer la bombe à retardement » qu’ils représentent pour l’Allemagne.
Wolfgang Steiger invite en conclusion les politiciens à « veiller de toute urgence à ce que la montagne de créances ne continue pas de gonfler » et propose de « geler les soldes actuels et d’introduire un nouveau système TARGET-3 », où les créances seraient, « comme aux États-Unis, régulièrement compensées et garanties par des garanties telles que l’or ou des titres gouvernementaux ». Bref, euthanasier l’euro, de nouveau.
CHAPITRE 3
Francfort contre Francfort : vers un divorce à l’italienne ?
Un mouvement de fond puissant en faveur de la disparition de l’euro existe donc bel et bien en Allemagne, soutenu par une conscience de plus en plus nette dans le milieu politique de l’incompatibilité intrinsèque de la conduite de la BCE et de l’intérêt de l’économie et du peuple allemands. Au point même que le conflit a débordé depuis sur le front juridique, porté cette fois par le Tribunal constitutionnel fédéral d’Allemagne, siégeant à Karlsruhe.
Ce tribunal est l’autorité juridique la plus haute de la République fédérale d’Allemagne. Sa mission consiste pour l’essentiel à préserver l’intégrité de la Loi fondamentale de l’Allemagne (sa Constitution) et à faire respecter sa lettre et son esprit. C’est dans ce cadre que, le 5 mai 2020, après avoir été saisi auparavant par des particuliers, il a rendu une décision inédite portant sur le premier plan d’assouplissement quantitatif opéré par la BCE à partir de mars 2015PSPP, pour Public Sector Purchase Programme, soit « programme d’achats de titres publics »..
Ce jugement, sans condamner le plan dans son principe, en a déclaré les modalités et les conséquences non conformes à la Loi fondamentale allemande (en particulier les caractères impérieux et proportionné), ce qui l’a porté à exiger en urgence de la BCE la justification de son action sous peine de contraindre la Bundesbank à se retirer d’un prochain programme similaire.
Il faut s’attendre à une aggravation
du conflit entre l’Allemagne et la BCE.
1PEPP, pour Pandemic Emergency Purchase Programme, soit « programme d’achat d’urgence contre la pandémie ».
CHAPITRE 4
Échange Deutsche Mark contre bombe H : les Euronukes
PUISQUE l’euro recèle un danger pour l’Allemagne, puisque le bénéfice commercial qu’il apporte est désormais illusoire et puisqu’une partie de ses élites semble résolue à s’en débarrasser, comment se fait-il que l’Allemagne tarde autant à en finir ? Certes, nous l’avons mentionné, il y a les forces de rappel morales et politiques énormes qui contiennent à n’en pas douter l’opinion allemande, sans compter le gymkhana parlementaire dont la République fédérale est friande, qui freine l’avènement d’une unanimité sur cette question.
Mais, après tout, l’euro confère aussi à l’Allemagne la suprématie industrielle sur le continent. Il écarte en particulier les rivaux historiques français et italiens, et il conforte la centralité de l’Allemagne dans l’équilibre politique européen, en soudant derrière elle l’ensemble de ses clients, appelés à rejoindre son hinterland (la Slovaquie, la Tchéquie, la Pologne, l’Autriche, la Croatie, la Slovénie, etc.). Atteindre sans guerre une telle domination ne valait-il pas d’abîmer le bilan de la Bundesbank d’un billion d’euros de créances Target ?
D’ailleurs, si cette domination pouvait déborder du champ économique ? Si l’Union européenne permettait à l’Allemagne de regagner progressivement et discrètement sa puissance d’antan ? Alors le coût et le risque de l’euro pourraient être pleinement justifiés, et la continuation de l’euro tolérée jusqu’à pleine récupération des attributs de cette puissance. Un texte brillant de Vincent Brousseau, intitulé « Les Euronukes », tend à accréditer cette thèse singulière et inquiétante. Résumons-le.
Deux événements peuvent faire naître le soupçon
que l’Allemagne a entamé un processus secret de réarmement.
Vincent commence par rappeler l’existence du traité de Moscou, traité de paix qui fut signé le 12 septembre 1990, puis ratifié par les deux Allemagnes de l’époque (RFA et RDA) et par les quatre vainqueurs de la dernière guerre : États-Unis, France, Royaume-Uni et URSS. Il fixe avec précision le statut international de l’Allemagne réunifiée à venir et normalise sa situation, quarante-cinq ans après sa capitulation.
Toutefois, il stipule quelques restrictions importantes, notamment : l’Allemagne n’est pas autorisée à modifier ses frontières ni à posséder ou utiliser jamais la bombe atomique, ni même à chercher à l’acquérir ou à la développer. Cette dernière interdiction, formulée dans l’article 3 du traité, a toujours été scrupuleusement suivie.
« Cela étant, poursuit Vincent, il est dans les devoirs d’un gouvernement de tout prévoir. Et les Allemands sont un peuple méthodique et sérieux qui a l’habitude de tout prévoir, même l’improbable. Il me semble donc difficile d’imaginer que les dirigeants politiques allemands n’aient jamais réfléchi au moyen de faire de leur pays une puissance atomique. »
Toutefois, le parcours est complexe pour une nation qui part de rien : il faut créer une chaîne de production des armes et une chaîne de commandement fiable. Surtout, il faut pouvoir tester l’équipement et l’armement produits. L’Allemagne est-elle en mesure de lever toutes ces difficultés ?
Selon Vincent, deux événements peuvent faire naître le soupçon que l’Allemagne a entamé un processus secret de réarmement. D’abord, l’entrée de l’Allemagne dans Airbus ; ensuite, la vente, ou plutôt le cadeau, fait par l’Allemagne à Israël de sous-marins de type Dolphin.
Israël obtiendrait les sous-marins allemands à la condition d’effectuer pour le compte de l’Allemagne les tests de tir nucléaire.
Depuis 2014, l’État allemand est entré au capital d’Airbus, à hauteur de 11 %, autrement dit au même niveau que l’État français.Lequel en possédait encore 48 % en 1999… Or « Airbus est aussi le constructeur des missiles stratégiques de la Force océanique stratégique française et, de ce fait, le détenteur de certaines technologies très pointues, touchant au nucléaire mais aussi au spatial ».
La structure d’Airbus offrirait-elle alors un moyen pour l’État allemand de récupérer ces savoir-faire techniques, si l’envie lui en prenait ? « La réponse est que c’est une question de temps, selon Vincent Brousseau. Si l’Allemagne dispose d’un horizon de quelques années pour ce faire, il est impensable qu’elle n’y parvienne pas. »
Les sous-marins allemands Dolphin ne sont pas des lanceurs d’engins nucléaires, comme les sous-marins nucléaires français. Mais ils peuvent en lancer par le vecteur classique des missiles de croisière. Le point suspect ici est le fait que l’Allemagne a « fait cadeau » de deux sous-marins à Israël (à 640 millions de dollars l’unité) et offert de partager le financement du troisième.
Cette générosité s’explique mal à moins de supposer que le paiement réel ne soit pas en monnaie… mais en expertise, Israël étant une puissance nucléaire officieuse depuis de nombreuses années. Autrement dit : Israël obtiendrait les sous-marins allemands à la condition d’effectuer pour le compte de l’Allemagne les tests de tir nucléaire, qu’il est absolument impossible à cette dernière de réaliser, légalement et matériellement.
Autre chemin : mettre légalement la force de frappe nucléaire française à la disposition d’une « défense européenne »…
dominée par l’Allemagne.
Cependant, tout ce stratagème — furtif, ici encore — demeure bien compliqué, et reste soumis à bien des aléas. Un autre chemin plus direct existe : mettre légalement la force de frappe nucléaire française à la disposition d’une « défense européenne »… dominée par l’Allemagne.
Or il se trouve que, en 2016, dans le sillage de l’élection de Donald Trump, un député allemand de la CDU, Roderich Kiesewetter, a précisément émis l’idée que la menace que celui-là faisait porter sur l’existence à moyen terme de l’OTAN devait accélérer la prise de conscience qu’il était temps de « donner des garanties nucléaires à l’ensemble de l’Europe ». La source de financement de ce transfert devrait être un budget militaire européen commun.
« Un article de Carnegie Europe, ajoute Vincent Brousseau, parle carrément d’“Euronukes” (“bombes atomiques européennes”) auxquels la France pourrait consentir à cause de la charge budgétaire que représente pour elle sa propre force de dissuasion, dans le contexte de notre appartenance à l’euro qui nous plonge dans des restrictions budgétaires toujours plus sévères. »
Enfin, il faut ajouter à cela les tentatives renouvelées à échéances régulières, de part et d’autre du Rhin, de faire céder à la France son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU au bénéfice de l’Union européenne Le traité d’Aix-la-Chapelle signé en 2019 étant le dernier coup de marteau enfoncé dans cette direction, processus qui converge avec le précédent vers le même horizon : faire porter par une Union européenne dominée par l’Allemagne tous les attributs effectifs de puissance que le traité de Moscou interdit à celle-ci de posséder.
Félicitations, vous êtes arrivé au bout de cette dernière partie.